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Nous sommes Scouts franco-manitobains

NOTRE HISTOIRE

12 mars 1932

À son pupitre de chambre, le vicaire de la paroisse Cathédrale de Saint-Boniface en est à sa 4e ébauche d’une lettre qu’il adresse à l’Évêque de Québec pour sa permission. Il veut surtout lui expliquer pourquoi son désir d’introduire une éducation hors le lieu académique lui est si cher. Dans sa petite chambre au haut de la résidence, il met son menton dans sa paume gauche et soupire. S’il pouvait juste trouver les bons mots à mettre! Mais la prose ne lui a jamais si mal servit…..fermant les yeux il revoit les vingtaines de jeunes qu’il a aidé au camp de son copain de classe. Quel entrain! Quelle joie de faire partie d’une équipe si unie et si disparate. Il revit le camp passé auprès de ces jeunes qui, auparavant, n’étaient que des étrangers. Il a appris à connaître le petit Julien, l’hésitant; le grand Mario, imbue de sa supériorité et qui en fin de compte n’est qu’un pauvre gars pour qui la vie ne lui est pas facile et qu’il cachait sous une désinvolture recherchée. Sa mémoire lui rappelle les quelques soirs où, sans crier gare, ils se retrouvent ensemble auprès d’un feu pétillant, alimenté par l’équipe à tour de rôle. Que de souvenirs de bons moments passés ensemble. 

Rouvrant les yeux, Émilien se remet à sa lettre. Il a devant lui son puit d’encre, ses notes, la fenêtre de la lucarne, sa bougie allumée, son petit bol de sel. Il tire la cape de laine autour de ses épaules. Il ne fait pas chaud en ce début de mars et sa petit chambre mansardée est au haut de la maison, la chaleur de la fournaise à huile n’offre qu’un petit filet de chaleur à cette altitude. Il sourit. Cela lui rappelle la nuit froide passée au camp. Le climat mondial est tendu avec les tendances communistes s’étendant de plus en plus. Il n’y peut rien sauf en formulant un plan pour que le scoutisme soit accepté de ses paires et l’autorité de l’église au Canada. 

Volontaire de caractère, il n’hésite pas à se mettre au service des autres mais de là à vouloir enfreindre les lois Catholiques, il n’ose pas vu son poste à la Cathédrale. Écrire une lettre pour plaider la cause du mouvement de jeunesse qui l’enthousiasme devrait être simple, non? Émilien n’en est pas si sûr. L’archevêque de Québec n’a rien voulu savoir, même pas voulu lui accorder une audience après le camp qu’il a vécu et conquit en octobre dernier. Toutes les lettres qu’il a écrites depuis novembre lui reviennent « non-livrable ». Il pourrait être découragé mais son père lui a toujours dit que lorsqu’il sait que c’est la volonté de Dieu, qu’il est dans son droit de foncer. Il soupire. Que de temps de perdu. 

Un martèlement à sa porte interrompt ses pensées noires. Se levant, Émilien va ouvrir. « Ah, c’est toi Isidore. Qu’y a-t-il? »

« Monseigneur demande notre aide pour déménager un meuble au parloir. »

« Je viens. » Éteignant sa bougie, il soupire à nouveau. La lettre devra attendre. Une heure plus tard il revient après avoir non seulement déménager le buffet avec Isidore, Noël et Francis mais aussi la table à manger et les douze chaises pendant que Mgr Béliveau supervise. Un bâillement interrompt son geste de vouloir compléter sa lettre. Brûler la chandelle aux deux bouts? Il a des visites de malades à faire demain en plus d’une messe basse à la Cathédrale à 6 heures du matin, une messe haute à 10h30 et des registres à continuer pour le cimetière avant midi, diner et ensuite ses visites à l’hôpital suivi d'un voyage à St-Vital pour la visite stérilisée au Sanatorium des Sœurs de la Charité de Montréal. Plusieurs enfants de ses paroissiens sont en état de crise de tuberculose.  

« Bon, ben, va falloir que je la finisse demain. » Mais il hoche la tête. S’il ne la finit pas ce soir, une autre semaine va s’écouler avant qu’il puisse la mettre à la poste. « Tant pis. Je dois la finir ce soir. »

Allant à son petit pupitre, il tend le briquet au-dessus de la mèche de sa chandelle et s’assoit à nouveau. Trempant son stylo plume dans le petit écrin d’encre, il se décide à simplement y mettre ses idées et l’agrémenter de ses sentiments. Ce groupement de jeunes campeurs a été très différent des autres de sa jeunesse au Québec. Maintes fois il s’est assis sur un rondin de bois ou une souche d’arbre coupée au bord du feu avec les jeunes gars pour leur poser des questions. Plusieurs heures passées à étudier la nature, traquer des pistes d’animaux, construire des tables de cuisson, de rangement ou à manger avec de la simple cordelette ou ficelle de chanvre et des branches, des journées ensoleillées à s’envoyer des messages en morse, sémaphore et chasses de grands jeux où il s’est vu attribuer un trophée pour avoir décroché un temps record de course à genoux! Tout cela à aider à le convaincre que c’est ce qui manque aux jeunes à qui il enseigne la catéchèse, en particulier ceux qui vagabondent dans le quartier. C’est le travail de l’amélioration de la personne qui l’a le plus étonné.

Laurin lui avait promis une expérience riche en rebondissements pour ses vacances et avait demandé son aide en spiritualité. Ne sachant pas trop ce qui l’attendait, il avait préparé plusieurs sermons appropriés à l’âge des garçons. Émilien glousse de rire. Ah, s’il avait su ce qui lui arriverait le premier jour, il aurait mieux fait utiliser son temps de préparation du camp à laver son plancher de chambre! Après les scénettes et chants, les gars lui avaient posés maintes questions pourquoi il était devenu prêtre et ce qu’il faisait quand il ne l’était pas. Resté un peu surpris par les questions, il avait tout de même répondu franchement. Le soir, couché sous la bâche de gros canevas, douillettement enchâsser dans le tube de son sac à couchage, il demandait à Dieu qu’est-ce qu’il devait faire des pages écrites. Après l’exercice et la toilette matinale, il avait pris ses notes et les avaient jetées au feu.  

Ni les jeunes, ni Laurin en auraient vu l’utilité. Assis autour de la table du déjeuner, diner ou souper, chantant un bénédicité avant de manger, ou lors d’une randonnée pour demander la protection de Dieu sur leur activité, chaque patrouille avait fait le nécessaire sans qu’il doive faire de quoi. Le soir, autour du feu pétillant discutant les activités de la journée, les gars échangeaient des propos qui touchaient leur vie quotidienne, lui demandait son avis sur divers sujets chrétiens, des jeux de rôles à lui faire rire aux larmes lui avait fait voir la valeur de ce que Laurin nommait le scoutisme – un apprentissage de vie au service d’autrui – que ce soit envers la nature, envers la Terre ou l’Église, chacun des jeunes était sorti de ce camp plus vieux qu’avant, plus débrouillard et sûr de lui-même. Une inculcation de valeurs humaines et chrétiennes qui l’avait surpris, enchanté et conquis. 

Se remettant au travail avec l’image des vingt garçons entre onze et seize ans, leurs yeux reflétant les lueurs orangées des flammes et écoutant l’histoire de Jésus présenté comme un chevalier à la recherche d’un trésor caché dans l’âme d’un dragon lui avait ouvert une fenêtre d’espoir. Le scoutisme était ce dont il rêvait débuté à Saint-Boniface, pour le bien des jeunes, leurs familles et leur patrimoine. 

Le 30 avril 1932, l’Archevêque d’Ottawa recevait une deuxième lettre datée du 5 avril de la part de l’abbé Émilien Léveque, vicaire à la paroisse Cathédrale de Saint-Boniface au Manitoba, visant à lui rappeler le pourquoi de sa première lettre de mars. Il hésitait de donner son accord à ce mouvement de jeunesse qui, déjà avait intéressé des jeunes des paroisses francophones à joindre les rangs des protestants anglophones. C’était comme si une grosse vague de tentation non-catholique leur prenait les jeunes en âge de monter au séminaire sans crier gare. 

« Faudrait qu’on s’y penche sérieusement, Monseigneur. On nous vole nos jeunes! Et en plus, ils veulent plus venir à la messe! »

Hochant la tête, l’Archevêque d’Ottawa lui répond : «Veuillez répondre à l’abbé Lévèque que j’approuve sa demande pour le bien de nos paroisses francophones de l’Ouest. Vous avez raison de dire qu’il nous faut garder ces jeunes chez eux, dans leur milieu. Faudra aussi penser à leur avenir et celle de Rome. »

« Et s’ils décident tous de se rendre chez les anglais, on aura plus de prêtres! »

Relisant la lettre de l’abbé lorsque son volubile secrétaire sortit du bureau, l’Archevêque tourne son siège vers la fenêtre donnant sur l’étendue houleuse du canal Rideau. Les remous du canal sont trop proches de ce qu’il vient d’entendre. Hochant la tête il relit les exploits des jeunes garçons. Que d’aventures! Et que de souvenirs de jeunesse! « Il y a du bon dans tout. Peut-être un jour verrais-je de même. » Et l’homme de se remettre au travail tout en jetant, de temps en temps, un regard à la lettre.

Le 15 mai 1932, l’abbé Lévèque recevait enfin la permission de débuter un groupe de garçons dans sa paroisse. Mettant le pied à la brouette, le lendemain, il formait la première troupe d’Éclaireurs Franco-Canadiens. Bientôt plusieurs troupes se formèrent avec des chefmestres engagés.  

À suivre……

 

C’est notre date de fondation du mouvement scout francophone au Manitoba et pour l’Ouest Canadien. Nous célébrons en l’année scoute 2022-23 notre 90e anniversaire d’existence. L’Abbé Émilien Lévèque s’est battu pour installer le scoutisme au Manitoba qui s’est éventuellement propagé dans l’ouest. 

Un mouvement riche de liens en fraternité communautaire mais plus encore mondiale. Du petit groupe de 8 garçons avec laquelle il a débuté en septembre 1931 après son voyage d’été au Québec avec Laurin, le scoutisme a grandi pour devenir le plus grand mouvement de jeunesse dédié à la protection de l’environnement, qui recherche la paix et la justice, et éduquer les jeunes à se sentir bien dans leur peau compte plus de quarante-trois millions de jeunes au monde!

Les rassemblements hebdomadaires amène un jeune à se découvrir de façon saine et à son propre rythme. Au travers l’apprentissage par le jeu et l’action, il a formé plusieurs leaders de notre communauté franco-manitobaine – Charles Laflèche –Momentum Healthware, Raymond Simard – formellement député fédéral, Père Isaïe Blanchette, omi, Guy Morier, Me Denis Labossière, Robert Pelletier – Salon funéraire Desjardins, Joël Gosselin – Grand chevalier Conseil Goulet, Rénald Johnson, Richard Cormier (rip)- ancien commissaire, chef de troupe, chefmestre…, Lucien Loiselle – Commissaire aux langues officielles, Lucienne Loiselle – fondatrice de la branche Castor de l’ASC, Robert Mucha – serrurier et ancien commissaire, Michel Loiselle – chef de groupe et Capitaine de la Compagnie de la Vérendrye, Denis Rémillard (rip) – Jardins St-Léon, Herménégilde Dubé (rip) – ancien commissaire de la Fédération des Scouts de l’Ouest, Michel Dubé – ancien animateur- branche Louveteau, l’abbé Gérard Dionne – ancien chef de clan et poste, commissaire, aumônier, etc. 

À suivre...

COUR D'HONNEUR À LA FLAMME

Requête D'Admission à la Cour D'Honneur à la Flamme

Thanks for submitting!

En 2001, Philippe Pelletier, président du CA, lançait une idée semblant un peu trop avancée pour les temps. Son rêve était que la Zone Manitoba (alors le district des Scouts franco-manitobains) puisse avoir des adultes qui pourraient supporter le mouvement scout avec leur choix d’engagement.


Cette approche a pris du temps à mijoter dans l’esprit des membres du Conseil d’administration et membres adultes recensés puisqu’elle invitait en premier lieu, une ouverture d’esprit d’avoir des adultes devenir ‘membres à vie’ et en deuxième lieu qu’ils aient des droits de vote aux AGAs.
 

 Le 18 octobre, 2010, la première cérémonie d’investiture voyait 7 Gardes- fondateurs: Philippe Pelletier, Grand Officier de la Cour; Albert Dubé, de feu Herméningilde, Denys La Rivière, Albert Ruest, Anita Ruest, Léonce Aubin (décédé en 2022) et Hubert Kabasha fonder la Cour.  Claire Bérubé, dernière Commissaire du District de la Rivière Rouge (maintenant nommée Zone Manitoba du Distrtict des Scouts de l'Ouest), était présente à titre d'office.  Ce n'est qu'en 2013 qu'elle s'est vu entrer à titre de Garde-fondateur.
Les nouveaux membres de la Cour d’honneur reçoivent une épinglette ‘La Flamme d’Honneur’, un certificat à bordure dorée et une carte de ‘Membre à vie’ qu’ils auront à présenter aux AGAs pour avoir droit de vote. La décoration, une épinglette, est
portée uniquement par les membres de la cour.

Depuis, la Cour d’honneur a mis sur pied des balises pour mettre un pointage aux services des aspirants. Pour obtenir la médaille un pointage d'un minimum de 45/100 doit être atteint. Nous recherchons la qualité et l’excellence du service(s) rendu(s).  Le 13 janvier 2023, le Conseil de la Cour s'est rencontré pour développer les balises et 2 nouveaux niveaux ont été créés: Membre et Associé.    N'importe quel adulte au sein des Scouts franco-manitobains peut soumettre un nom d'adulte à la Cour, mais ce dernier doit avoir donné un minimum de 10 ans de service Scout exceptionnel!

 

Le 27 janvier 2023, nous avons accueillis 3 nouveaux élus.  Il s'agit de Jean Archambault, au niveau de Garde et Ginette Balcaen, présidente-sortante du CA et Richard Puttenham de Scouts Canada au niveau de Membre. Bravo!

FONDATION CAMP BEAUDIN

Né d'un désir profond d'un ancien scout, la Fondation a été établie avec les argents d'une vente de terrain à St-Malo qui avait été développée, entretenue et jouit par les scouts francophones du Manitoba pendant de longues années. 

Le propriétaire des lieux a céder un montant fixe et depuis, selon les critères de demande, plusieurs unités scoutes ont fait demande auprès de la FCB afin de leur aider dans leurs projets. Des projets tels - accès à une trousse pour bien construire un quinzee, achat d'une tente prospecteur pour les unités Aventuriers et Routiers en hiver; des sacs à couchage pour camping d'hiver et d'été; participation d'unités à des camporees régionaux, jamborees et moot mondiaux, inscription à des ateliers pour parfaire la livraison du programme scout d'un animateur, etc.  

Un clan de Scouts-Routiers en a fait une demande en novembre de 1998 lorsqu'ils ont voulu étendre leur voyage au Chili (ils y étaient pour le 19e Jamboree Mondial) en allant construire une salle communautaire pour un village d'indigènes montagnard n'ayant aucun moyen de faire leur cuisine sainement dans leur bicoque familiale. L’âge le plus vieux de ce village était 36 ans. La raison étant l’asphyxiassion par la fumée générée de leur feu au centre de leurs cabanes de 10 par 12 pieds. Cette unité s’est ensuite mérité le badge Oméga de l'ASC l'année suivant leur service bénévole pour cette communauté en besoin. 

La Fondation soutient les jeunes et individus qui ont besoin d’un coup de cœur pour accomplir leurs projets. Elle est toujours à la recherche de donateurs et son conseil d'administration se cherche des membres ayant diverses expertises: financement, investissements, justice et droit, administration, entregent, etc.

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